Danchojournal "spécial caravanes"


§2: les tractrices au banc d'essai

Une voiture ne s'improvise pas tractrice. Une Renault encore moins, commençons par cette petite vidéo (à ne pas rater!!) pour vous en convaincre.

http://www.youtube.com/watch?v=nOegMivKXUA

 

 

 

Déjà, avant d'oser se dire "tractrice", il faut investir dans un "towing attachement", comme disent nos amis anglais.

En France on appelle ça plus simplement une bitocu.

 

 

Le résultat esthétique résultant est assez heureux pour la ligne de la chute de hanches de l'IDS, et les grands photographes ne s'y trompent pas.

 

Une fois ainsi équipée, on rentre dans la cour des grandes: on devient une Tractrice.

Le magazine Caravaning mettait au banc d'essai les tractrices, et a fait tout un dossier sur l'ID dès ce numéro de 1958, montrant d'ailleurs curieusement une DS sur sa couverture.

Malheureusement je n'ai pas le contenu de ce magazine. Noël approche, vous savez désormais comment me faire plaisir!

 

Pour approfondir le sujet, voici un récapitulatif 1964 des différentes tractrices passées au banc d'essai par le magazine.

voici le pdf du document complet.

 

 

l'ID berline n'y est plus citée. Pourtant c'était clairement le modèle de prédilection des Citroënistes...

Il y a là de vieilles connaissances, et quelques voitures plus confidentielles.

Quant à la puissante voiture de standing Rambler Renault, je crois qu'on préfère tous l'oublier.

En tout cas, les documents de communication interne de Citroën sont catégoriques: la DS est une tractrice d'exception!
 

 

Mon ami Michel s'est fendu pour le Dancho-journal d'un petit texte sur ses souvenirs de campeur. Ce témoignage va nous permettre de balayer les générations de tractrices.

La DS dans le monde du caravaning, souvenirs d’enfance, par Michel.

Souvenirs : Dans mes souvenirs d’enfance, vacances d’été riment avec 1 mois de camping, à l’époque c’était un mode de vacances très populaire. C’étaient les grandes migrations des juilletistes ou des aoutiens qui se croisaient dans d’immenses bouchons.
Pour nous, la tente était familiale. La voiture chargée à bloc, nous traversions la France pour aller sur la côte Atlantique moins fréquentée que celle de méditerranée. C’était la vie au grand air, l’occasion de se faire de nouveaux copains, nos voisins de camping venaient de tout l’hexagone et parfois de plus loin encore. Je me rappelle qu’il y avait souvent des gens du Nord, de région parisienne, du centre de la France.
Ce mode d’hébergement avait aussi ses différences, il y avait les campeurs en canadienne, souvent des jeunes qui faisaient la fête, les tentes familiales dont nous faisions partie, les caravanes pliantes et au sommet de la hiérarchie les vraies caravanes. Dans les années 60 pourtant tout ce joli monde se fréquentait souvent joyeusement malgré parfois quelques éclats de voix mémorables, difficile de rester discret lorsque seulement quelques épaisseurs de toiles vous isolent des voisins. C’est souvent nous les gamins qui mettions en relation les familles, il suffisait que nous trouvions des copains de jeu pour que les parents se fréquentent, histoire de savoir où leur gosse passait le plus clair de son temps.


Et la voiture dans tout ça ?
On y rencontrait toutes les voitures que l’on croisait dans la rue de tous les jours avec parfois quelque curiosité étrangère, dans mes souvenirs c’était souvent des anglais mais la barrière de la langue faisait que l’on se fréquentait peu. Si le statut de campeur ne nécessitait pas de véhicule particulier (il y en avait même en 2 roues) celui de caravanier était tout autre. Selon la taille de la remorque la tractrice n’était pas la même ! Lorsque la voiture était trop « petite », soit leur propriétaire était vacciné à jamais du caravaning, soit il changeait de voiture l’année suivante. C’est dans ce domaine des caravanes familiales que la DS ou plus souvent l’ID dominaient leur sujet.
Le caravaning a pris de l’ampleur dans la 2ème partie des années 50, qui s’est confirmée dans les années 60 puis 70 avant un net déclin dans les années 80. Faisons un petit tour d’horizon de ces différentes périodes :


les années 50
 : Sans avoir réellement connu cette époque je l’imagine par rapport aux attelages vieillots de la décennie suivante : ce devaient être des pionniers, avec des véhicules hétéroclites, parfois de grosses voitures anciennes qui feraient rêver bien des collectionneurs aujourd’hui mais dont plus personne ne voulait à l’époque. Citroën était bien représenté avec la traction avant, des 11 légères et plus souvent de 11 larges voire même des 15. En concurrence avec la traction il y avait les Américaines surtout, et puis la Frégate de chez Renault et pour les caravanes plus petites la 203 Peugeot et la Simca Aronde. La DS n’a du arriver dans le secteur qu’à la fin des années 50, souvent en occasion ; outre la concurrence précédemment citée le lion pointe son nez avec la 403. Livrons nous à un petit comparatif :

    1. La 403 est une propulsion dans la catégorie des 8 CV, 58 CV DIN dont l’adhérence des roues arrière est renforcée par la charge sur l’essieu arrière apportée par la caravane sans trop délester l’essieu AV ce qui permet de garder une bonne direction.
    2. La DS est une traction avant de 11 CV et 75 CV DIN qui supporte bien la charge grâce à sa suspension à assiette constante qui permet de garder une bonne motricité des roues avant en toutes circonstances ; cependant l’échappement central des premières DS n’était peut-être guère adapté à un attelage, ne serait-ce pas la cause de cette modification ?
    3. L’ID idem la DS avec une puissance inférieure de 66 CV DIN et un échappement latéral.

A ce match toutes trois sont déclarées bonnes tractrices, selon le poids à tracter la DS l’emporte par sa puissance supplémentaire et peut être aussi un léger avantage à la DS grâce à ses freins à disques qui supportent mieux les freinages répétés avec une charge importante. L’ID se situe entre les 2 avec un freinage moins incisif que la DS mais tout aussi endurant.


Les années 60 :
Beaucoup de nouveautés dans le secteur des petites et moyennes voitures, la Renault 8 est parfois représentées sur des publicités de l’époque tractant une petite caravane, il faut oser, ne pas être pressé et bien lester l’avant !

L’arrivée de la 404 en 1960 est une concurrence plus sérieuse pour les grosses Citroën dont elle se rapproche en puissance malgré un freinage perfectible à ses débuts (corrigé par la suite). Simca avec ses 1300 et surtout 1500 qui se comportent aussi en honorable tractrice mais la gamme Citroën montant régulièrement en puissance garde un avantage certain pour les grosses caravanes.
Le grand débat à l’époque est le comparatif entre propulsion et traction (comprendre véhicule à propulsion ou traction avant) ; la traction avant commence à se rependre, Renault avec l’Estafette puis la 4L a rejoint Citroën 2CV, Ami 6, DS, ID et type H. Ainsi doucement les autres constructeurs français donnent raison au précurseur Citroën, il faudra attendre la 204 pour que Peugeot y vienne aussi, la 1100 pour Simca.
Renault va disposer en 1965 d’une concurrente sérieuse dans le domaine des tractrices de caravanes moyennes avec la R16 malgré une suspension très souple qui peut provoquer un délestage du train moteur avant du à une charge trop importante sur le crochet d’attelage.


Les années 70:
Peugeot monte en gamme avec la 504 qui cette fois est en mesure de contrer les DS et ID. Dans les gammes inférieures c’est l’époque de l’abandon du tout à l’arrière avec la R12 en remplacement des R8 et sa cousine R10, c’est le grand boom des caravanes dans les campings.

 

Les années 80 : Le chant du cygne des caravanes, ce mode de vacance a moins la cote, la démocratisation du transport aérien et des voyages à l’étranger, le bétonnage des côtes pour offrir des logements de vacances au plus grand nombre… le camping en général devient ringard, seuls les habitués continuent à apprécier ce mode de vie en plein air. Les gens veulent plus d’indépendance, les congés sont plus fractionnés, une nouvelle mode est arrivée, celle des camping-car.


Les caravanes :
Dans les marques de caravanes dont je me rappelle je citerais en premier Digue, puis Caravelair, ensuite Tesserault, Georges et Jacques, il y avait aussi Sprite une marque anglaise je crois.
Dans les années 70 sont arrivées les caravanes Adria reconnaissables à leur bandeau bleu soutenu mais aussi les caravanes pliantes, André Jamet en pliante toile, et les pliantes rigides Casita, Rapido...
Je voudrais revenir sur les Rapido, primées au concours Lépine ; j’en ai un souvenir particulier, c’était au Camping Beauséjour à proximité du phare de la Courbe, dans les landes, sous les pins, un formidable terrain de jeu. En surplomb de notre emplacement étaient arrivés de nouveaux arrivants. L’installation de nouveaux voisins était toujours une attraction, il y avait ceux qui n’arrivaient pas à monter leur toile de tente ou leur auvent, les maniaques qui se reprenaient à plusieurs fois… On se moquait parfois gentiment avant de donner un coup de main à l’infortuné. Je me souviens donc de cette caravane étrange qui se montait sous mes yeux ébahis pour arriver à un résultat fort probant à mon goût, une caravane Rapido ; Si je vous raconte ça c’est que la voiture était une DS rouge (ou ID, je ne sais plus). Le fils de la famille étant de mon âge je m’étais employé à devenir son copain et nous jouions aux petites voitures dans une petite cuvette creusée à proximité dans le sol. Il me semble qu’il venait du nord, ce devait être une formalité pour cet équipage Citroën et caravane pliante. Peut être a-t-il gardé une certaine nostalgie pour la DS, fréquente-t-il ce site et qu’il se reconnaitra ?

Le camping d’aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir, mobil-homes, piscine, jeux aquatiques, activités multiples, accès internet et autres réjouissances ; nous on n’avait pas tout cela mais on ne s’y ennuyait pas sauf peut-être, je l’avoue, lors des longues périodes de mauvais temps.

Nostalgique de cette époque ? Sûrement. Nostalgique de ma jeunesse ? Qui oserait prétendre le contraire ?

Michel.

 

 

 


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§3: photos d'amateurs en caravane